Le syndrome de Nietzsche
Une fois n'est pas coutume, nous allons nous plonger dans un cas clinique:
Le début de ces notes remonte à l’année 1887. Nous sommes en présence d’un homme de 43 ans (né en 44), célibataire, prof de philo à l’université.
Il est toujours vêtu avec élégance, finement chaussé, une grande cravate de soie nouée avec une négligence artistique.
Il présente plusieurs ordres de symptômes qui lui gâchent littéralement l’existence (démission et invalidité depuis 79)
1. Il souffre de migraines depuis l’âge de 12 ans . Il est atteint d’une psychose maniaco dépressive ...
3. Il présente un mental assez particulier ...
4. A cela s’ajoutent des antécédents et quelques autres renseignements...
Le cas clinique relaté ci dessus est celui de Friedrich Nietzsche, né en 1844 et mort en 1900.
L’étonnante précision du recueil symptomatique s’explique par la volumineuse correspondance qu’il a entretenue jusqu’à sa détérioration mentale irréversible en janvier 1889
Deux ans après le tableau relaté ci dessus, Nietzsche perdit la raison. Les 11 dernières années de son existence se passèrent dans un état d’aliénation mentale, véritable effondrement apocalyptique d’un des plus grands philosophes de son temps qui laissa une œuvre prodigieuse.
Aurait il évité cette apocalypse s’il avait reçu les thérapeutiques modernes?
On a longtemps pensé que Nietzsche avait développé une paralysie générale consécutive aux deux syphilis qu’il avait mentionnées. Une thèse récente de Françoise S. qui a servi de base à un livre du Pr Jacques Rogé " Le syndrome de Nietzsche ", récuse formellement ce diagnostic
Quelques autres grands personnages psychotiques
L’œuvre du musicien Robert Schumann montre l’extraordinaire relation entre une psychose maniaco-dépressive et la productivité intellectuelle tout comme le montre la production littéraire de plusieurs grandes figures de la littérature comme
- Antonin Artaud (schizo)
- Louis Althusser (PMD)
- Ernest Hemingway (PMD)
- Gérard de Nerval (PMD)
- Tolstoï (PMD)
- Balzac (PMD)
Il est intéressant de s’interroger sur ce que serait devenue la production artistique de ces personnages s’il avaient été traités? Il est vraisemblable que le patrimoine artistique et littéraire perdra beaucoup de la normalisation thymique des psychotiques intellectuellement brillants.!!!!!!!!
Annexus:
Nietzsche (Friedrich), philosophe allemand (Röcken, près de Lützen, 1844 - Weimar 1900). Solitaire, influencé par Schopenhauer et Wagner, malade (il sera atteint de crises de démence à partir de 1889), Nietzsche a marqué la pensée occidentale du XXes. Il établit une critique radicale des bases kantiennes de la connaissance et du rationalisme scientiste: pour lui, ce n'est pas l'amour de la vérité qui anime l'homme, ce sont les passions du vouloir-vivre. Les institutions, la religion cachent la vraie nature de l'homme, faite du combat entre la mort et la vie. Son unité, bien comprise par les présocratiques, a été cassée par Socrate, qui a inventé la coupure entre l'essence et l'apparence, puis par le christianisme qui a institué une «morale d'esclave». Contre le christianisme, le socialisme, le nihilisme, Nietzsche établit sa philosophie de la volonté de puissance, née de l'accroissement continu des forces vitales. Le monde, ne parvenant jamais à son point d'équilibre, se déroule sur lui-même en un «éternel retour». Ainsi l'homme qui veut se réaliser tend-il vers le surhomme. Nietzsche s'est exprimé par des aphorismes cinglants (le Gai Savoir, 1882; Par-delà bien et mal, 1886), des dissertations d'un style étincelant (la Naissance de la tragédie, 1871; le Crépuscule des idoles, 1889), des poèmes (Ainsi parlait Zarathoustra, 1883).